Jours 11 a 15: Nouvelle-Écosse et traversier

Jour 11: Moncton- Nel's B and B. 100 km.

On se réveille tôt, pas du tout amochés d'hier et on quitte Moncton vers midi après un excellent setup de nos bikes au Mikes bike shop.

La pluie est de retour, plus chaude qu'à Port-Joli :). Elle reviendra plusieurs fois durant l'étape mais nous ne gèlerons pas aujourd'hui.

Le bon vent de face en approche de la Nouvelle-Écosse nous rend la vie dure, mais nous sommes très motivés aujourd'hui. Tous les fardeaux (linge sale, genou fragile, vélo brisé, récupération, blogue et photos) sont derrières nous et ça parait. On n'y pense plus pour l'instant.

Pas toujours facile, un tel voyage, mais aujourd'hui c'est vraiment bien.

On voulait se rendre à Amersh mais ce n'était pas assez loin. On a donc continué 1h30 de plus avant de trouver un super Bed and breakfast au milieu de nul part.

Le proprio a déjà eu 2 shops de bike a Vancouver et avait l'habitude de réparer les vélos des Alex Stedia, Steve Bauer et cie et de rouler avec eux lorsque ceux-ci venaient s'entraîner dans ce coin dans les années 80!

On a donc parlé de bike avec un vrai gars de bike (73 ans, cancer de la prostate pis toute pis toute) avant de relaxer devant un bon film dans notre gros palace au milieu d'un champs brumeux en Nouvelle-Écosse. Toute qu'une vie...

C'est fou comme l'espace-temps est différent en voyage. Voilà 11 jours que nous sommes partis et l'intensité quotidienne (kilométrages, rencontres, problèmes) me donnent l'impression d'être parti depuis beaucoup plus longtemps. On trouve et on quitte plein de choses chaque jour. C'est comme grandir en accéléré.

L'école, le travail, les courses de vélo, les façons de vivre des gens. Tout est remis en perspective. Les voyages font la jeunesse, qu'ils disent...

Le corps se transforme aussi durant tout ce temps. Je vais me coucher maintenant. Je n'ai mal nul part. On dirait que je n'ai pas roulé.

1230 km, 57 heures.

"Everybody wants to know what I'm on. What am I on? I'm on my bike, busting my ass, six hours a day. What are you on?"

- Lance Armstrong

Jour 12: Nel's B and B-Pictou. 120 km.

Debouts avec un excellent déjeuner frais du terroir, nous sommes quasiment dépressifs et certainement lents pour quitter ce super endroit.

Comme à chaque fois, ces émotions partent lorsqu'on embarque sur le vélo; le moment où l'on est vraiment chez soi.

Une belle journée en bordure de l'Ile du Prince Édouard nous attend. Le vent souffle à 50 km/h et nous joue quelques tours. Ah, les maritimes... Sans vent dominant.

Après un excellent dîner à mi-chemin, on continue ben relax, le beat de voyage cyclotouristique est de plus en plus le nôtre.

On rallie facilement Pictou et alors que je trouve un camping, Suzanne arrive à notre hauteur et nous invite chez elle jusqu'à demain!!

Originaire de Joliette, elle a marié Alex, un Néo-écossais, et ils vivent avec leurs enfants dans une maison de campagne magnifique.

La soirée s'installe, on visite la scierie d'Alex, on enchaîne avec l'excellent souper, les discussions sympathiques (dont les histoires de pêcheurs qui ne savent pas nager) et de la bonne petite boisson!

Wow, que dire de plus, nous avons une bonne étoile. Tout simplement.

1350 km, 62.5 heures.

"Il y a du bon en ce monde, monsieur Frodon. Il faut se battre pour ça!"

- Sam Gamghi, Le seigneur des anneaux, les deux tours.

Jour 13: New Glascow-Louisdale. 150 km.

Après un autre excellent déjeuner frais du terroir (!!!) et une visite de la ferme d'Alex, nos nouveaux amis nous emmènent au bike shop pour régler un soucis avec mon vélo. Merci infiniment à vous pour ce super séjour improvisé!

On quitte la ville à 11h30 et on rencontre rapidement un vent tridirectionnel (...) de 50 km/h ainsi que le relief beaucoup plus montagneux. Back to work.

Plus tard, on rencontre Claude, une fille de Québec qui est partie voir ses amis de Terre-Neuve... en bike!! Elle en a vu de toutes les couleurs elle aussi et nous la reverrons peut-être a Saint-John's dans 10 jours.

C'est une belle journée de vélo qui se poursuit et nous arrivons à la superbe entrée de l'île du Cap breton en fin d'après-midi pour y trouver un camping.

Il est à 15 km plus loin. Encore une heure, c'est cool.

Après 1h30, rien sauf du bois. Il fait froid et la nuit s'installe. Mon genou recommence à me faire mal tout d'un coup. On commence à se faire sérieusement chier. Ça change si vite en voyage...

Il est 20h15 quand nous rencontrons Johannus, un veuf baviérois, luthier de profession, établi au Canada depuis plus de 25 ans.

Il nous laisse nous tenter sur son terrain et nous offre la douche.

Nous sifflerons quelques bières avec lui avant d'aller se coucher, très fatigués. Il reste une journée...

1500 km, 70 heures.

"A c'theure-ci on a l'vent dans face en partant, ben on s'dit qu'on l'aura dans l'dos en revenant!"

- Les Cowboys fringuants, tant qu'on aura de l'amour

Jour 14: Louisdale-North Sydney. 120 km.

Après une bonne nuit en tente, on décolle et ça monte, et ça descend, et encore. Cette petite journée de 100 km ne sera pas si facile...

Nous atteignons rapidement le lac du bras d'or, le plus grand lac salé sur une île, au monde!

C'est une catégorie très spécifique. Tout cela pour dire que nous longerons cette étendue et ses panoramas charmants, montagneux et brumeux tout au long de cette journée.

Mon genou m'inquiète de nouveau depuis hier soir, mais ce n'est pas aussi douloureux qu'au Nouveau-Brunswick. Il a juste besoin de repos, je pense.

Nous rejoignons Sydney après 5 heures de bbbbiiiikke, nos 5 dernières avant la journée de repos!

On découvre cependant, avec colère dans mon cas, que le traversier est encore a 20 km!! :@

On roule une autre heure avant d'aller bouffer un repas sans fruits de mer. Tous les restos ou presque sont fermés a 19 h a North Sydney. Une chance qu'Annie n'était pas là, elle n'aurait pas eu une belle fête des mères cette année!

On règle ensuite les billets du traversier dans l'impressionnant décor extrêmement brumeux de l'embarcadère avant d'aller s'enfiler un six-pack de beignes très merités au Tim Hortons.

Demain, on part pour Terre-Neuve et durant cette semaine, toutes les citations seront tirées du film Jurassic park 2: le monde perdu. Souhaitez-nous bonne chance!!

1620 km, 76 heures

"Isla Nublar n'etait qu'une vitrine destinée aux touristes. Il existe une autre île, et quelque chose y a survecu..."

- John Hammond, Jurassic park 2

Jour 15: repos: Traversier de North Sydney, NS, à Channel Port aux basques, NFDL.

10 heures de gros sommeil ininterrompu nous amènent à un succulent déjeuner en compagnie de 3 personnes âgées qui partent pour des funérailles. Ils sont avec nous avant de notre premier repos, avant d'accompagner un ami vers son dernier repos. Ainsi va la vie!

Nous commençons à avoir le tour avec les personnes âgées, qui constituent l'essentiel de nos rencontres. Ce sont les seuls à pouvoir se prendre des vacances à ce temps-ci de l'année!!

Douche, bagages, tout cela très peinard avant de se rendre au gros traversier. On attend et on relax avant de prendre ce gros bateau.

C'est la première fois que je prends un aussi gros navire. On y relax à fond et c'est mérité. On mange un gros hot-dog en jasant de tout et de rien avec notre pote Jocelyn le camionneur de Granby. Un café, 2 cafés, une sieste. Le bonheur.

Je m'isole avec ma musique: motivation, conviction, relaxation, FOCUS. Un bon rituel de plusieurs chansons. Ça remet les idées en place avant un bon défi: une course importante, une grosse soirée au travail, une semaine d'examens, une traversée de 1000 km en vélo sur une île froide loin de tout...

Je retombe dans la lecture du livre de Laurent Fignon, "Nous étions jeunes et insouciants". Cet ouvrage me pousse tel un vent de dos (que nous n'avons pas souvent) depuis le début du voyage.

De l'orgueil, de la compétitivité, de l'archarnement, des défis, de belles victoires et de dures défaites. Une sale tête de cochon qui n'a pas la langue dans sa poche. Le genre qu'on aime ou qu’on aime pas parce qu'il n'est pas hypocrite.

Un peu comme moi mais avec un Vo2max en haut de 85. Son palmarès parle de lui-même.

Je lis jusqu'à ce que le bateau accoste à Port aux basques, ce magnifique village bâti sur de la roche et des rêves brisés, en plus d'être très exposé au vent. Ça ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir jusqu'ici et ça promet beaucoup d'aventures pour la prochaine semaine!

Une fois débarqués, lessive et souper dans un dépanneur avant de trouver un coin perdu pour se tenter, soit derrière un musée fermé pour la saison, comme tous les terrains de camping et les points touristiques, d'ailleurs...

On est pas sales, pas affamés, pas fatigués. Aujourd'hui, rien n'a été compliqué.

"Ce n'est plus une équipe de recherche, c'est une expédition de sauvetage et elle part maintenant!"

- Ian Malcom, Jurassic park 2

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