J'aime mieux les bancs de neige

Cette affirmation colle à la peau de bien des cyclistes québécois. Septembre a passé, octobre est bien entamé. Plusieurs cyclistes qui auraient fait n'importe quoi pour sortir rouler dans les bancs de neige en mars ont déjà presque remisé leur vélo.

Photo: Inès Had, Team Gris
Mais bon, il y a encore une gang de crinqués qui profitent de cette belle période de l'année, où la neige est pourtant bien absente et la température juste un peu plus froide. C'est parfait pour rouler plus relax sur la route, s'amuser dans les bois en vélo de montagne ou encore se visser à fond en cyclocross si l'été 2016 n'a pas réussi à abreuver votre soif de souffrance.

De mon côté, je fais plutôt partie de la troisième catégorie, et les dernières semaines m'ont permis de découvrir 6 événements auxquels je n'avais jamais participé. C'était tellement le fun et j'ai tellement été occupé que je n'ai rien écrit ici!

Voici le debriefing d'un beau début d'automne qui compense pour un hiver sans vélo stationnaire. La forme s'en vient...

GP de Boischatel, 24 septembre (Coupe QC de cyclocross)

Le parc de la chute Montmorency est aussi magnifique que difficile quand on l'utilise pour faire un parcours de cyclocross. Avec environ 100 mètres de dénivellé par tour, ça fait un bon entraînement de côtes. Il faut aussi redescendre, ce que j'ai pris plaisir à faire avec des roues à boyaux récemment prêtées par le Team Gris. Je n'y étais pas encore habitué, n'avais pas confiance, mais voilà une bonne pratique qui allait payer quelques semaines plus tard.

Cette année, mon objectif en cyclocross est de ne pas me faire prendre un tour par les meneurs sur les Coupes du Québec. Tel est le lot de la plupart des gens sur ces courses. L'an dernier, cela survenait toujours en fin de course, sauf une fois au chalet, à Baie-St-Paul. Si ça n'arrive plus cette année, ça veut dire que je progresse bien, peu importe le résultat.

1er round: réussi. Raphaël Auclair gagne la course, 30 secondes après que je commence mon dernier tour. Je suis dernier sur le tour du meneur et je tourne les jambes pour récupérer en vue de la course du lendemain. Ouf...

GP St-Charles-Borromée, 25 septembre (Coupe Qc de cyclocross)

Complétement pété de la course de la veille, je prends le départ et recule rapidement. Ce parcours est cependant beaucoup plus rapide et moins technique. Une chance que Tino Rossi Jr est là pour m'encourager car, comme disent les Acadiens, je feel comme un Povère d'jâbe...

Le calibre est toutefois moins fort alors je finis facilement sur le tour du meneur. Yes.

2 courses en deux jours, ça commence raide la saison de cyclocross, ce sport si toxique pour les poumons, les jambes, les aines et l'égo.

GP de Bromont, 1er octobre  (Coupe Qc de cyclocross)

Bien récupéré de mon premier week-end de course, je suis dans le coup dès le départ de cette course sur un parcours hyper rapide et facile. Mon boyau arrière déjante alors que je suis complètement à bloc en tentant de suivre le Top 10. Peut-être que le pilotage n'est plus optimal quand tu es à 120% de tes capacités...

Boyau replacé, je repars et finis sur le tour du meneur, un peu déçu mais avec un autre bon training en poche.

100 @ B7, 2 octobre (Gravel grinder)

Une bonne ride entre amis durant laquelle tu es le moins fort du groupe, tel est mon résumé des 100@B7: Beaucoup plus le fun et beaucoup plus dur qu'une course!

Quelle belle journée. Aucun stress, on jase avec tous ces gens qu'on a pas vu depuis un bout. Jusqu'à ce qu'on vire à droite dans la gravel et que ça attaque de partout! hahaha.

Et notre chère Lyne qui s'exclame: «C'est pas une course les boys!!!!!!» mais en vain.

De toute façon, les boys le savent et attendent en haut de chaque montée ainsi qu'aux nombreux ravitaillements. Voilà pourquoi c'est plus dur qu'une course. Parce que quand tu te fais lâcher en compétition, les chances de revenir sont assez faibles. Au mieux, tu reviens et te fait lâcher dans la côte suivante, ainsi de suite, 2-3 fois avant de sauter pour de bon.

Mais pas ici. Les gars attendent toujours. Alors c'est le jour de la marmotte du gars lâché! Quel bon entraînement. Tout cela se déroule dans un décors franchement enchanteur. Une succession de moments à jaser avec les chums de bike et de moments à payer le prix dans leur roue en montant.

Mention spéciale à P-O Boily et Marc-André Daigle, qui m'ont attendu après ma crevaison pour que l'on revienne sur le groupe au ravitaillement. Les gars se sont assurés de me garder dans le rouge jusqu'à ce qu'on retrouve le peloton. Ils ont trouvé ça bien drôle et moi, j'ai débloqué une gear, comme on dit.

Tout se conclut dans le bonheur, c'est-à-dire un bon Hot-Dog européen avec frites ainsi qu'une bière du Siboire. Franchement, que demander de plus? Un autre 100@B7 en mai peut-être? Au moins, plus d'événements du genre au Québec, Svp.

GP Arvida, 10 octobre (Cyclocross régional)

J'ai grandi au Saguenay et là-bas, le cyclocross c'était juste sur cyclingnews et Veloptimum. Au Royaume, il n'y a aucune course de ce genre et peu de gens ont ces vélos très polyvalents dans leur garage.

La première course de cyclocross de l'histoire était complètement illégale, à l'automne 2008. Les très éminents coureurs de l'équipe EVA Devinci avaient alors dessiné un parcours au vieux-port de Chicoutimi. Le tout se faisait avec des vélos de route sur la pelouse. On ne nommera pas le nom des délinquants, surtout celui qui s'est rendu au Tour de France.

Au départ, on croirait l'équipe belge aux mondiaux
Tout cela pour dire que le premier vrai cyclocross légal présenté au Saguenay a eu lieu lors de la plus récente Action de grâce. C'était au profit du Sport-études cyclisme de la polyvalente Arvida, programme que j'ai fréquenté durant 3 ans durant mon secondaire.

L'organisation a donc tenu la course sur un parcours que nous utilisions jadis pour nos entraînements de course à pied de style cross-country ainsi que pour d'épiques parties de «Touch-Football».

Ce fut un superbe 45 minutes d'effort violent à courir seul contre l'olympien et nouvellement cycliste professionnel Léandre Bouchard, qui se baladait en avant, en ayant l'air de se dire «sont-où les autres??»

Bravo aux organisateurs, qui ont créé un événement qui avait tout ce qu'il faut: Parcours avec obstacles, animateur qui connait le vélo et petit stand pour acheter bouffe et bière. Les participants se sont présentés en grand nombre, plusieurs en vélo de montagne, ce qui est un bon départ et qui, espérons-le, créera de l'engouement pour le cyclocross au Saguenay-Lac-St-Jean.

À quand une Coupe du Québec de CX dans la plus belle des régions!? Pas game...

GP Gloucester #1 et #2 , 15 et 16 octobre (Cyclocross UCI C2)

De ma première course régionale au SagLac en 8 ans, je passe à ma première course UCI depuis le Tour de l'Abitibi 2007...

Ça faisait des années que je voulais aller au GP de Gloucester, dans le coin de Boston, au pays de Trump. Pas de bike, pas de congés, pas de cash, etc.

Cette fois, j'ai un bike, des congés et pas plus de cash. Allons-y! Sauf que j'ai raté l'inscription dans ma catégorie pour cette occasion, les seniors 3. Registration is full, sorry Bronard. J'y vais quand même et je m'inscris UCI, tant pis.

Finalement, cette décision forcée fut l'une des plus belles que j'ai prise dernièrement. Devant ce défi, je me suis mis en mode «pro». Je me suis bien entraîné, me suis assuré que mon vélo était A1 et surtout, j'ai «lâché les brakes» comme on dit en bike.

Pas le temps de niaiser, surpasse-toi dans chaque ligne droite et dans chaque virage. TÂSSEZ-VOUS!

Avant la course, les paris allaient bon train. Certains estimaient que je me ferais prendre un tour par les meilleurs coureurs professionnels américains après 20 minutes. D'autres m'ont dit 30 minutes. Le mieux que j'ai entendu c'est «tu vas faire un bon 45 minutes».

Dans mon fort intérieur, je me sentais bon pour 40 minutes, étant donné le parcours sec et très roulant, ce qui sépare beaucoup moins les hommes des enfants.

Dans cette catégorie, je suis vraiment un enfant. Le départ est donné et après avoir évité 5 chutes en 5 virages, je suis officielement dernier de ceux qui suivent encore après 600 mètres.

Après un tour, certains coureurs faiblissent et j'en dépasse 3-4 à chaque tour. Après 30 minutes, ce n'est plus pareil. La plupart des coureurs autour de moi ralentissent et je remonte davantage.

Finalement, le meneur s'approchait de moi au début de son dernier tour, mais j'étais encore à l'intérieur de la limite de 80% de retard sur le temps-au-tour du meneur. Les commissaires ne m'ont jamais exclu et j'ai terminé à la très glorieuse 42e place!!

Pour moi, c'est comme gagner. Vive les courses UCI. Ça roule vraiment vite, sur de beaux parcours et l'ambiance est incroyable. Tout est en place pour donner le meilleur de soi-même.

J'ai pu refaire la même chose le lendemain, en vidant ce qui me restait de forces en route vers la 46e place. Ces performances m'ont vraiment surpris, cassé les deux jambes mais surtout motivé pour les dernières courses de l'année, deux beaux week-end à Baie-St-Paul et Sherbrooke.

D'ici là, un peu de repos et ben du fun dans les trails de Québec.

Photo: Ralph Samson, Team Gris
Histoire à suivre. Difficile de croire que certains aiment mieux les bancs de neige.

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