Le pentathlon des gens

Samedi dernier, toujours à la poursuite d’un maximum de danger dans ma vie de cycliste non-professionnel, je descendais le premier lacet de la côte Gilmour en position Chris Froome, assis sur le cadre, toujours en train de pédaler.

Pas le temps de niaiser! Je prends un tour à des gens en vélo de montagne. Qu'est-ce que je fais là? C’est le défi corporatif du pentathlon des neiges et moi, je me prends beaucoup trop au sérieux, me direz-vous. Du moins je ne connais pas d’autres façon de courir à vélo. Tâssez-vous!

Sur ce...

Après la course, mon collègue me dit « C’est vraiment cool, ce qu’ils ont réussi à faire ici. Regarde tout le monde qui bouge à cause du pentathlon. Imagine comment ça fait rouler les commerces de sport d’ici en plus. »

Il a bien raison. Et je pousse ça encore plus loin. Je repense à ma descente en position de mongol et je me dis... J’ai encore ma place ici, je suis chanceux. 

Parce qu’en effet, les défis sportifs s’adressant à tout le monde, comme le pentathlon, se multiplient. L’argent qui y est investi n’est pas mis dans le sport de compétition, qui lui, perd des événements de qualité à chaque année.

Tout cela est très bien et la majorité l’emporte. Mais que reste-t-il aux obsédés des courses qui en ont besoin pour se défouler? On jase, là.

Nous autres, il nous faut une ligne de départ et une ligne d’arrivée, un gagnant et des perdants. Sinon, bof... L’important, c’est encore de participer, mais le gaz au fond, sans réserve et oui, c’est un peu grave si ça n’a pas bien été :D

Merci

Mais je ne pars pas un débat ici. Je dis seulement merci à l’organisation du pentathlon des neiges. Jamais cet événement n’a tassé l’élite pour faire place au grand public. Ils ont choisi de faire cohabiter tout le monde et ça, c’est trop malade!


Habillé en rose comme remplacant au vélo pour une gang de bôlôs en 2011, souvenir impérissable


Ce qui a commencé comme un défi hivernal intéressant au Lac Beauport il y a 14 ans est devenu un événement pour tous, sur plusieurs distances, dans plusieurs sports, tout seul ou en équipe, avec les enfants, les élèves, les collègues du bureaux ou les chums. C’est aussi devenu une coupe du monde de triathlon hivernal. Tout cela se déroule à merveille sur un seul site, pendant deux semaines. Essayez de battre ça.

Nous, les athlètes de fin de semaine, souvent appelés week-end warriors, qui passent le plus clair de leur temps en dehors du travail à s’entraîner, ne sont pas ce que vous croyez.

Ce ne sont pas des gens motivés et disciplinés, exemplaires. Ce sont des personnes qui adorent faire du sport, le plus souvent possible. Aucunement besoin de discipline et de motivation quand c’est vraiment ça que tu veux faire. Des malades? Des exemples de persévérance? Des déséquilibrés? Appelez-nous comme vous voulez, mais dîtes-vous qu’on ne fait pas ça pour faire plaisir à personne.

En effet, quand tu as passé l'âge de 25 ans et que tu t’entraînes encore 10-15 heures par semaine dehors en plein hiver sans aucune chance de devenir pro ou olympien, ça ne vient pas de tes parents ou de ton entourage. Ça vient de toi. 

Dans bien des sports, c’est impossible. Essaies de jouer au hockey élite si tu ne fais pas l’équipe senior dans ta région. Essaies de jouer au football après l’Université. Nous autres, dans les sports d’endurance, on a moins d’événements qu’avant, mais on est chanceux d’en avoir encore plusieurs pour garder notre flamme compétitive bien allumée jusqu'à nos vieux jours.

J’ai eu un super bel hiver encore une fois cette année grâce au pentathlon. Au diable la déprime hivernale, au revoir le vélo stationnaire et le tapis roulant, j’ai joué dehors. J’ai même suivi des cours de patins de vitesse avec des amis. Croyez-le ou non, on n’a presque plus mal au dos après 5 minutes à patiner au fond. C’est mon sport d’hiver préféré maintenant! Estifi que ça va vite!!!!

On a tellement perdu de belles courses au fil des ans. La classique Montréal-Québec ou le Tour de Québec à vélo, le raid Pierre Harvey en vélo de montagne bien avant que je ne puisse y participer. Merci à l’organisation du pentathlon de garder une place pour les obsédés de la performance. 

Et non, cet article n’est pas commandité par l’organisation! D’ailleurs, ils disent PINTE-à-thlon et moi je dis PENtathlon. On ne pourrait jamais s’entendre de toute façon.

Plus sérieusement, arrêtons de chialer et soyons reconnaissants envers ceux qui n'ont jamais oublié les petits amis qui font encore des courses de bicycle à pédale, de ski, de patin ou qui courent dans la rue, vers nulle part, à 30, 50, 70 ans. Je parle de ceux et celles qui arrivent encore en retard pour souper parce que c'était trop le fun jouer dans la neige. Les éternels enfants qui ne signeront jamais le contrat social du divan.

Restez branchés cette semaine alors que nous découvrirons comment le Team Gris a préparé le paintathlon.

Pas de pain, pas de gain. Pas de watts… Pas de watts.

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